Cette fois cela ne fit aucun doute, j'étais suivie... Je ne connaissais que trop bien ce sentiment incontrôlable et imprévisible d'angoisse et d'appréhension à l'idée d'avoir quelqu'un sur mes pas.
Ceci dit, j'avais cette impression à chaque fois que je traversais cette ruelle, c'est-à-dire tous les soirs à 18 heures lorsque je quittais du lycée. La nuit tombait encore tôt malgré l'arrivée du printemps et l'obscurité n'était pas ce qui manquait à cette allée sombre et déserte.
Je me dépêchais donc de marcher, à la même allure, tous les soirs dans cette ruelle, toujours avec ce même sentiment envahissant et stressant : celui d'être suivie.
Je le ressentais tous les jours ou du moins toutes les fois où j'étais seule dans un endroit vide comme celui-ci, mais ce soir-là, il n'avait jamais été aussi intense.
Un silence glacial régnait et je ne percevais que le frêle clappement de mes pas sur le sol obscur. J'écoutais attentivement pour, peut-être, percevoir un bruit, un clappement ou même un simple murmure qui confirmerait mon hypothèse mais...rien. Je n'entendais que le faible souffle du vent ainsi que celui de ma respiration brusquement accélérée.
Soudain, quelque chose craqua derrière moi, craquait ou marchait? Peut-être les deux. Sans réfléchir, je fis volte-face, tremblante de peur. Peut-être était-ce une souris ou un rat en quête de quelques détritus qui traînaient par-là, ou peut-être n'était-ce que le fruit de mon imagination farfelue.
En effet, j'étais devenue légèrement paranoïaque depuis que je m’intéressais à toutes sortes de films d'épouvante. Parfois même, je me retournais sans cesse dans la rue et soupçonnais tout individu suspect se rapprochant de moi. Prudence exagérée ou simple folie passagère? J'avais ma petite idée à ce sujet.
Je me remis à marcher, inquiète. Je réfléchissais et écoutais anxieusement le silence de mort qui avait repris. Mon cœur battait, désormais, à tout rompre et je tremblais de tous mes membres. Un frisson me parcourut l'échine et j'accélérais encore devant les quelques dizaines de mètres qu'il me restait à parcourir. Mais plus je forçais l'allure, plus j'avais l'impression que quelque chose me talonnait et se rapprochait de plus en plus, prêt à m’attraper à chaque instant. Je m'arrêtais donc pour regarder de nouveau mais cette fois-ci, je vis pivoter une ombre qui s'effaça de mon champ de vision à l'instant même où j'avais posé mes yeux sur elle. Cette fois, j'étais sûre de l'avoir vu et mon cœur se mit à battre davantage. Je tentais de me rassurer tant bien que mal, ça n'était peut-être qu'un chat de gouttière ou le vent. Peut-être que quelqu'un ou "quelque chose" attendait, là, derrière les poubelles, attendait que je me retourne pour me prendre par surprise. Mais mes suppositions et mes réflexions allaient trop loin et n’avaient plus de limite ! Cet horrible sentiment devenait insoutenable, insurmontable, je n'osais plus bouger. J'étais terrifiée et tétanisée devant cette force inconnue ou imaginaire qui me dominait. Je revoyais sans cesse l'ombre dans ma tête, mais l'avais-je vraiment vu ou simplement inventé ? C’en était trop...
Je fis demi-tour, mais cette fois, je pris mes jambes à mon cou et courus à en perdre haleine jusqu'à la sortie de cette ruelle maudite.
Je n'avais qu'une seule envie, celle d'effacer de ma mémoire les cinq minutes interminables que je venais de passer dans cet endroit sinistre. Car après tout, la seule chose plus terrifiante que d'être seule est de réaliser qu'on ne l'est pas...
Par Vicky sur des-histoires.com